jeudi 30 septembre 2010

"Boat Landing" à Louang Namtha


Sur la carte, ça paraît tout près, mais en fait c'est très loin, et les routes sinueuses une véritable épreuve - je souffre du mal des transports quand je ne conduis pas - j'ai finalement pris la place de Phat à côté du chauffeur, et les choses se sont un peu améliorées.

A Louang Namtha (petite ville sans intérêt), nous sommes descendus au Boat Landing, un lodge en pleine nature, rustique et romantique à souhait, et nous avons partagé notre bungalow avec une armée de geckos bruyants.

J'ai encore eu la curiosité de regarder sur Internet, et Boat Landing est maintenant un centre très actif d'éco-tourisme sportif: on peut y pratiquer kayak, rafting, trekking et autres sports qui demandent de la condition physique; le Laos semble être devenu une destination pour la pratique de sports extrêmes.

Nous, notre intérêt, c'était plutôt l'ethno-tourisme; nous avons demandé à Phat de découvrir les villages des minorités, nombreuses dans ces montagnes boisées du nord Laos, à proximité de la frontière chinoise - et des minorités chinoises, qui sont souvent les mêmes qu'au Laos, les frontières étant généralement des lignes imaginaires ne tenant pas compte de la réalité humaine.
Photo: notre bungalow; vous l'avez deviné: en plus des geckos, les moustiques étaient de la partie !

Les beautés de Luang Prabang




Ancienne capitale royale, Luang Prabang s'enorgueillit d'un magnifique palais doré et de nombreux temples; sa situation en région montagneuse l'a longtemps isolée, si bien que l'habitat n'a pas souffert d'urbanisme sauvage (ou très peu).


Si les individuels se lancent dans la jungle pour les aventures proposées par Tiger trail ou ses concurrents, les groupes débarquent du petit aéroport pour une visite culturelle et une petite croisière sur le Mékong. Les sites sont sous la protection de l'UNESCO et le méritent amplement. Il y a pas mal de monde à Luang Prabang, du routard désargenté au client des hôtels de luxe, et tout le monde se retrouve le soir dans les allées du marché nocturne après avoir escaladé la colline sacrée pour admirer le coucher du soleil.


Ce qui m'a le plus impressionnée, ce sont les nombreux nagas (serpents), thème très fréquent dans la décoration.

Tiger Trail


J'ai eu la curiosité d'aller sur Internet: la petite agence tenue par quelques locaux (mais fondée par un Européen) que nous avons connue est devenue une entreprise germano-franco-laotienne (donc dirigée par des expatriés) spécialisée dans l'écotourisme et l'aventure. J'y apprends avec intérêt que le parc d'éléphants continue à contribuer à leur sauvegarde et leur assure une vieillesse heureuse, et que plusieurs initiatives profitent aux villageois. On a construit des lodges, créé des activités outdoor, en un mot développé le tourisme organisé. Bien. Les Laotiens qui nous ont guidés en 2006 travaillent-ils toujours pour Tiger Trail ? Photo: Phat, notre guide-interprète

Dans un autre ordre d'idées, comment les Laotiens voient-ils cette transformation de leur pays ? J'ai lu récemment que les moines se plaignaient de l'afflux touristique au moment de la distribution des repas...(certains photographes amateurs manquent de discrétion); Luang Prabang victime de son succès ???

mercredi 29 septembre 2010

Le Mékong











J'aime bien ces fleuves mythiques dont ce nourrit le monde; Louang Prabang (en un mot sur la carte) s'étend le long du grand fleuve, calme et majestueux; nous y avons flâné en pirogue pour rejoindre la jungle des éléphants, et puis navigué dans un bateau de promenade, avec escales dans de pauvres villages, offrant aux touristes quelques tissages et un alcool pour le moins répugnant... voir photo !


Une parenthèse: ce voyage date de 2006; le Laos, longtemps fermé aux étrangers, s'ouvrait doucement au tourisme; la rue principale de la ville était une succession de compagnies nouvelles, offre touristique peu variée et concurrence féroce. Aucune idée de l'évolution actuelle.
Bien entendu, les riverains du fleuve l'utilisent pour tous les besoins quotidiens... Le Laos est un pays très pauvre.

L'éléphant, symbole du Laos




Malheureusement en voie de disparition... Surexploitation, maladies, faible reproduction; malgré quelques programmes courageux, l'éléphant n'a plus guère d'avenir au Laos.


Certaines compagnies touristiques locales organisent des balades à dos d'éléphant dans la jungle; c'est en tout cas un travail moins dur pour les pachydermes (les villageois les emploient pour le transport des arbres coupés); ils semblaient bien nourris et bien soignés dans leur enclos; ils entretiennent une étonnante relation avec leur cornac et ce dernier est d'une souplesse incroyable: un petit bond, et hop ! sur la tête de l'animal...

Etre moine au Laos











C'est comme en Birmanie, il est de bon ton de se faire moine au moins un an dans sa vie; la religion est tellement ancrée dans l'âme de la population que le régime communiste a bien dû s'en accommoder. Les moines sont très visibles dans leur robe orange; ils mendient leur riz tôt le matin; et le reste du temps ils semblent ne pas faire grand chose... toute cette jeunesse dans la force de l'âge, inactive, cela laisse rêveur.

samedi 25 septembre 2010

Laos: généralités et cuisine




Cambodge et Laos sont deux anciens protectorats français - l'Indochine. Au Cambodge (mais ma visite s'est limitée à Siem Reap et Angkor), pas de souvenirs visibles de la France: hôteliers, guides, taximen, commerçants, tous parlaient anglais. Par contre, au Laos, l'héritage français est beaucoup plus tangible; principal apport: le pain !!!! A notre grande surprise, le pain, au Laos, c'est l'authentique baguette, excellente, tout à fait dans le goût français.



Donc, disais-je, notre destination en partant d'Angkor, était Luang Prabang (voir carte); aucun vol direct, obligation de faire une longue escale à Vientiane, la capitale.



Sur conseil du guide du Routard, nous avons déjeuné (amis belges comprenez dîné) au restaurant La Côte d'Azur. Steak, salade, côtes de mouton, frites, haricots princesses, un gentil bordeaux...Et tout le reste du menu à l'avenant, destiné à ne pas perturber le voyageur français. Idem pour le Guide du Routard, que je n'achète plus, dont les principaux conseils sont de retrouver partout dans le monde l'ambiance "du pays" et des interlocuteurs francophones.



Bref, vous l'avez compris, si je repassais par le Laos un jour, je bouderais ce restaurant et chercherais plus local. Avec le recul, je juge ces établissements un reste de colonialisme...



Notre premier passage à Vientiane se limitera donc à une balade à la recherche d'un ATM et à un repas dans une gargote tenue par un Français; l'avion du soir nous conduit à Luang Prabang; après quelques recherches, nous déposons nos valises dans un splendide 4 étoiles, la Maison Souvanaphoum, où la nourriture se révélera locale et raffinée, exactement ce que j'apprécie. Mais très cher. Réservé au dîner du soir.


Aussi nous prendrons notre lunch ailleurs, notamment à l'Eléphant, un autre restaurant pour expatriés, où l'on peut déguster un carpaccio de boeuf avec des frites ! Sans rire, au Laos.


Chaque soir, à Luang Prabang, se tient un marché très coloré : des productions industrielles souvent belles; comme une brocante à même la rue, des jeunes femmes des villages environnants déballant leurs marchandises toutes pareilles. C'est ainsi que se conçoit l'ouverture au monde de ce pays communiste. Par le commerce à la chinoise.


vendredi 24 septembre 2010

Les campagnes




Toutes les maisons sont bâties sur pilotis, les animaux vivent dans la cour, y compris les buffles et les cochons... si les gens ne sont pas bien riches, il ne mendient pas et sont souriants et accueillants; aux abords des temples les enfants vendent des babioles aux touristes (au lieu d'aller à l'école ?); il y a beaucoup d'orphelinats au Cambodge; la population se remet lentement de la période khmer rouge.
Je ne verrai rien d'autre du Cambodge: après ces trois jours à Siem Reap, nous avons repris l'avion pour le Laos. Destination Luang Prabang, la ville royale.

Le Banteay Srei







J'ai gardé le plus joli temple pour la fin... Parce qu'il est en pierre rose et finement sculpté, un chef d'oeuvre de dentelle de pierre; tellement beau que Malraux jeune en découpa un morceau pour se faire un peu d'argent de poche, mais il fut pris et dut restituer son larcin; si vous ne me croyez pas, relisez La voie royale, le fait y est narré en long et en large.



C'est un temple de dimensions modestes, bien surveillé, pour ceux qui voudraient refaire le coup de Malraux (l'accès aux chapelles est interdit), absolument ravissant; il n'a pas l'austérité des grandes constructions d'Angkor Vat. On y flâne en s'émerveillant devant chaque détail...

mardi 21 septembre 2010

Beng Mealea






















La petite escalade dans la jungle à Kbal Spean n'était qu'une mise en jambes... le véritable sport attend le visiteur à Beng Mealea, si toutefois il prend la peine de parcourir les 60 km nécessaires. Beng Mealea est un temple bâti au 11ème siècle - qui aurait servi de brouillon à Angkor Vat; je laisse ces interprétations aux spécialistes. Ouvert au public depuis peu, débarrassé de ses mines (on espère bien) après la guerre, Beng Mealea présente exactement l'aspect que devaient avoir les temples à leur redécouverte dans la jungle. Beaucoup plus que Ta Phrom, qui est foulé par des milliers de touristes et aménagé en conséquence.


Rien n'est restauré; partout un enchevètrement de lianes, de racines géantes, de branches qui surgissent d'une fenêtre ou d'une galerie; un amoncellement de cailloux, des pans de murs entiers effondrés, des sculptures émouvantes surgissant entre deux arbres... Des passerelles et des escaliers en bois sont aménagés en partie; guidés par un adolescent de l'endroit (trop content de se faire un peu d'argent avec de rares touristes), nous avons joué à Indiana Jones avec un immense plaisir. Dur dur parfois de passer par les fenêtres ou de se hisser dans les amas de gros blocs, mais une expérience hors du commun, un de mes meilleurs souvenirs...

Kbal Spean







Plus loin encore(25 km), ce site est forcément peu visité - et c'est dommage; d'abord parce qu'il permet de traverser de pauvres villages et de mesurer la misère quotidienne (mais digne)du Cambodge; ensuite pour la marche en forêt, assez inattendue.



A mi-chemin, on quitte la route pour une méchante piste poussiéreuse; à partir du parking, l'accès au site se fait par un sentier accidenté assez pentu (environ 1/2 heure): il faut un peu de persévérance, mais on est récompensé. On se croirait dans la petite Suisse luxembourgeoise ! Finalement, on atteint une rivière bucolique et on découvre, pantois, des bas-reliefs sculptés à même le lit du cours d'eau; ces effigies sont supposées purifier l'eau avant son arrivée à Angkor Vat... Images de dieux et déesses, mais aussi lingam (ou linga); l'endroit est même surnommé la vallée des 1000 lingas.



Il s'est malheureusement trouvé des vandales pour découper certains bas-reliefs, si bien que les accès directs sont protégés par des cordes, bien faibles garde-fous pour des voleurs motivés. Il est difficile d'explorer les alentours, malgré quelques sentiers sans indication... Faut dire qu'il subsiste peut-être quelques mines par-ci par là et qu'il vaut mieux être prudent.



J'ai le souvenir, au retour, d'avoir dégusté un des meilleurs plats à base de riz et de poisson de ma vie, dans le petit restaurant sans prétention qui jouxte le parking; pendant que Ronald s'enfilait un banal poulet frites: c'est noté dans mon journal; à chaque pays, chaque bouffe, les frites sont meilleures chez nous, et le riz mieux préparé en Asie. Mes aimables correspondants connaissent bien ma théorie, depuis le temps que je l'affiche: on ne connaît un peuple que si on mange sa cuisine...

Le groupe de Roluos







Notre voiture nous a permis de visiter des temples plus lointains; ceux-ci se trouvent à une vingtaine de kilomètres de Siem Reap. Leur particularité est d'être très anciens (9ème siècle) et d'avoir été les premiers à être construits en pierre (au lieu du bois).



Ils sont situés dans un village, à côté d'un petit monastère en bois (admirez les apsaras); les habitants cohabitent avec ces temples antiques dont ils ont oublié la destination...



Angkor vat (2)
















Gros plan sur les galeries, et sur les bas-reliefs, qui courent tout le long de ces galeries, parfaitement conservés. Scènes de guerre, histoire des rois, comme une bande dessinée...

Un petit aperçu des apsaras.
Et finalement Virginie à l'assaut du sanctuaire dont la verticalité symbolise la difficulté d'atteindre le ciel...

Angkor Vat











J'entends d'ici les spécialistes: alors, comme ça, Virginie, tu n'as pas vu Angkor Vat, que tu nous abreuves à longueur de messages de temples secondaires...

Mais si, je l'ai vu, et patience, nous y voilà !

Angkor Vat est le symbole même d'Angkor, du génie khmer et du Cambodge actuel. C'est une construction inouïe pour le 12ème siècle, tant par sa taille que par la perfection de son architecture. Il faut imaginer la (re)découverte de cette merveille envahie par la jungle au milieu du 19ème siècle.
Je joins deux photos aériennes piquées sur Wikipedia, le seul moyen de réaliser le plan et l'ampleur de la construction.

Angkor Vat est à la fois un temple -montagne et un temple-galerie; pour le roi Suryavarman, il était à la fois capitale et temple dédié à Vishnou - plus tard, comme pour les autres temples d'Angkor, le bouddhisme remplaça l'hindouisme.

Il est entouré de larges douves qui communiquent avec de gigantesques réservoirs artificiels, appelés baray, qui stockaient l'eau des moussons. Je joins un plan de cet ingénieux système.

Le chemin d'accès est long de 200 m !!! Et la photo d'ensemble super-connue... (sauf que c'est la mienne)

Le Banteay Kdel


Au risque de me répéter, un riche et grand monastère, bouddhiste, et non hindouiste, car Angkor, a vu les deux religions se superposer, puis se succéder; pour varier les photos, un gros plan d'un naga (serpent); sculptures que nous reverrons à foison au Laos.

Le Ta Phrom


Ce temple-ci, impossible de le confondre avec les autres... il faisait partie d'un gigantesque monastère où vivaient dans le luxe 12000 moines et danseuses sacrées, et d'innombrables paysans cultivant le riz pour nourrir tous ces oisifs. Si la plupart des monuments d'Angkor sont restaurés ou en train de l'être, Ta Phrom a été laissé en l'état, envahi par la jungle, comme on l'a découvert au début du 20ème siècle, avec les fromagers géants dont les puissantes racines disloquent les murs et envahissent le périmètre. Un pittoresque entretenu avec soin. Très photogénique !

Le Thommanon, le Chau Say Tevoda, le Ta keo et les autres







On sort de la ville d'Angkor Thom, et j'avoue qu'à partir de ce moment les temples se succèdent et se mélangent dans mon souvenir. On reprenait la voiture, on roulait dans la jungle, on descendait de voiture, on découvrait des temples-montagnes, certains en cours de restauration; des pyramides, des constructions cruciformes, des plateformes rectangulaires appelées bibliothèques... Et toute une série de termes propres à l'architecture khmère. Et puis on reprenait la voiture et ça recommençait. Dans mon journal j'ai noté les noms des temples visités, mais les photos n'ont pas de légende ! Désormais le notebook me permet de les indiquer.

Quoiqu'il en soit, ce blog ne prétend pas à une énumération exhaustive, plutôt à reconstituer une ambiance.

Le plus admirable: les bas-reliefs. Le panthéon hindouïste - Vishnou notamment, et surtout les apsara. J'ai réalisé de nombreux gros plans.

La terrasse des éléphants







Le même Jayavarman fit réaliser cette longue terrasse (350m), proche du palais royal, probablement pour permettre à la Cour d'assister à des spectacles. Ainsi nommée à cause des nombreuses sculptures d'éléphants... Très impressionant ! (l'un des must de la visite)